Friday, July 17, 2009

Hommage à ma Grand-mère

Voici, pour ceux qui n’était pas là, l’homélie que j’ai prononcé lors des funérailles de ma Grand-mère avec qui j’ai vécu pendant près de dix ans.



Quand je suis arrivé à Québec, je ne la connaissais pas très bien ma Grand-mère Fernande. Je la connaissais principalement par mon père qui m’avait expliqué quelques concepts comme : « J’ai la voix brève ! » et « Laisse-toi pas faire ! »

J’ai compris que vivre avec Fernande n’était pas compliqué quand on a compris les valeurs de base de celle-ci. Fernande était une libertarienne à tendances anarchistes. Elle ne voulait pas s’en laisser imposer par personne. C’est probablement d’elle que j’ai cet attachement profond, presque intégriste à la liberté.

Pour Fernande, la liberté c’était des petites choses comme se lever à 4h du matin pour manger un bol de gruau ou des toasts. C’était des petites choses qui lui permettaient de se prouver qu’elle pouvait encore faire ce qu’elle voulait quand elle le voulait. C’était aussi reflété dans ses déclarations faites sur la vie en foyer, à tout le monde dans la famille, qui impliquait habituellement le quai et se tourner de bord dix minutes. Aussi je ne sais pas ce qu’elle nous dirait en constatant qu’on l’a enterré en vert.

Je lui serai éternellement reconnaissant de son support, par les nombreux chapelets qu’elle a dit pendant mes examens du Barreau et de l’énorme fierté qu’elle a affichée lorsque j’ai été assermenté.

Mais les plus beaux moments passés avec Fernande étaient les longues heures passées à parler de tout et de rien. En fait, je la faisais surtout parler de son histoire à elle, malgré qu’elle disait qu’elle n’était pas une bonne conteuse.

Par elle, j’ai connu Grand-papa et la gang de Papa, j’ai senti les odeurs d’étables de la rue Franklin, vu les trottoirs en bois de la rue Arago, vu Papa manger avec ses patins dans les pieds dans la cuisine, été témoin de l’éducation particulière prodiguée par Fernande à Guy et bien d’autres choses.

J’ai, par Grand-maman, découvert l’importance de parler aux personnes âgées, les vieux comme elle disait. En Afrique sub-saharienne on dit que quand un vieux meurt c’est une bibliothèque qu’on brûle. J’ai au moins l’impression d’avoir sauvé quelques livres.

Je pense qu’il est approprié de remercier Fernande pour ses chapelets en la laissant partir avec ma prière préférée :

Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien,
Il me fait reposer dans de verts pâturages.
Il me conduit auprès des eaux reposantes,
Il restaure les forces de mon âme.
Il me mène dans le droit chemin,
Pour l’honneur de son nom.
Quand j’aurais à marcher dans la vallée des ombres de la mort,
Je ne craindrais aucun mal, parce que tu es avec moi.

3 comments:

nside said...

Triste nouvelle ce matin.
Mes condoléances à toi et à toute la famille.

Jici said...

Merci Mr. L,

Ca fait un bout (Mars) mais j'avais envie de lui rendre hommage sur mon blog.

Silence Indigo said...

Fernande nous aura laissé le souvenir impérissable d'une femme courageuse, prête à tenir tête à l'univers pour défendre ce qu'elle tenait à coeur. Sa ténacité restera toujours un modèle et une inspiration pour nous. Que l'Éternel veille sur elle, et que sa mémoire reste vive en nous.

« On peut hériter de ses pères une maison et des richesses, Mais une femme intelligente est un don de l'Éternel. » (Proverbes 19:14)