Je vous recycle ici une critique écrite en 2006 pour le blog de mon ami Lucre. Je faisais pas de top 5 dans le temps, mais ça aurait sûrement été dessus.
J’attendais depuis longtemps pour voir Nochnoy Dozor (traduit par Night Watch ou Gardiens de la nuit). ND c’est le film russe qui a fait le plus d’entrées depuis la chute du l’URSS. En fait c’est probablement le premier film russe depuis Cuirassé Potemkine (chef d’œuvre en brun et blanc) à avoir une reconnaissance internationale. Il est sorti en Allemagne en 2005 mais seulement dans quelques cinémas. D’après ce que j’ai lu, les Mégaplexes trouvaient pas ça assez vendeur et les cinémas de répertoire pas assez artistique. Il a donc fallu que je vienne au Québec pour le trouver dans un club vidéo.
ND est basé sur une série de 4 romans que plusieurs qualifient de Lord of the Rings cyrillique.
ND raconte l’histoire des « Others ». Les « Others » sont les guerriers du Bien (avec un grand B) et du Mal (avec un grand M). Il y a mille ans ils se sont tous retrouvés pour faire le plus grand slugfest de l’histoire dans le but de régler des grandes questions existentielles comme : « Mon père yé plus fort que le tien! » et « Késé que sa goûte une soupe aux dents ? » sans oublier « C’est-tu le Mal ou le Bien le plusssse fort? ». Malheureusement, ils se sont vite rendu compte que leurs forces étaient égales et que s’ils continuaient à se taper su’a yeule de même, ils allaient finir par tout détruire sur terre, eux y compris. Le chef des Others bon et celui des méchants ont donc conclu « The Truce », un traité de paix qui régit leurs relations. Ils ont convenu qu’ils utiliseraient pas leurs pouvoirs pour influencer l’humanité ou pour se taper dessus et que lorsqu’un nouveau « Other » serait découvert, procédé qui semble rare et aléatoire mais qui arrive à trois reprises dans le film, ils pourraient choisir librement leur bord. Pour assurer le respect de « The Truce », les bons créèrent Night Watch et les méchants Day Watch. Cependant, une prophétie dit qu’un jour un « Greater Other » viendra et renversera la balance en faveur des bons, mais qu’il pourrait aussi servir les méchants.
Fast foward 1000 ans plus tard à Moscou, on suit les « exploits » d’Anton un membre pas très compétent de Night Watch. En raison de sa capacité à voir l’avenir Anton va se trouver au beau milieu des manigances politiques des « Others » et de la découverte du « Greater Other ». Ah, en passant, Anton est un vampire et son voisin et meilleur chum aussi mais dans le Day Watch.
En fait, l’histoire est pas très originale et les amateurs de fantasy moderne l’ont probablement déjà lu des dizaines de fois. Cependant son traitement est excellent! Le film a une saveur très russe (mélancolique, mélodramatique et tragique) qui fait que les revirements sont vraiment bien amenés et qu’on les voit pas trop venir (quoi que j’aie deviné la plupart des punchs). L’univers des « Others » est aussi très original. Chaque violation de « The Truce » donne droit à une arrestation, avec un rapport en x copies, etc… bref une vraie bureaucratie, des super héros bureaucrates enfin un concept nouveau, soviétique et réaliste! Aussi il y a « the Veil » un espèce de plan astral dans lequel seul les « Others » peuvent se déplacer et qui semble rempli de moustiques.
Mais moi, ce que j’ai vraiment aimé, c’est la quasi absence de distinction entre les bons et les méchants. On se rend vite compte, que malgré les étiquettes, tout ce beau monde ne pense qu’à une chose : prendre l’autre bord en défaut, peu importe les moyens. Ça c’est de loin l’aspect du film que j’ai le plus apprécié, avec la bureaucratie.
Pour ce qui est des jeux de caméras et des effets spéciaux, tout est bien fait, propre et professionnel. On a l’impression de voir un film hollywoodien. De plus, même si la qualité des certains effets spéciaux est parfois un peu faible, on est tellement dans l’histoire que ça nous agace pas et on passe par-dessus.
Dernière remarque, si vous regardez le film, regardez le en russe sous-titré en anglais. Comme le film est pensé pour le marché international, les sous-titres deviennent partie intégrale du film, ce qui rend ça encore plus intéressant et pas fatiguant. Ça donne un aspect bande dessinée au film et rend la lecture des sous-titres facile et fluide. Une leçon à retenir pour les cinéastes non anglophones. En plus, ça nous laisse apprécier le jeu des acteurs russes qui sont, ma foi, très bons!
En conclusion, je donne à ND 4,5 tentacules sur 5, des tentacules biens gluants, ni bons, ni méchants.
J’ai déjà hâte de voir la suite, Dnevnoi Dozor (Day Watch ou Gardiens du jour), sorti en Russie en janvier 2006 mais qu’on attend encore.
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